Libération : Problèmes fiscaux pour les « Américains accidentels » européens

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Publié le: 04-09-2023 Dernière modification le: 12-12-2023

Résumé

Les «Américains Accidentels », des Européens nés aux États-Unis mais y ayant vécu brièvement, restent redevables à vie d'impôts en raison des lois américaines strictes. Cela entraîne des conflits entre les lois fiscales européennes et la législation américaine FATCA. Malgré les plaintes des « Accidental Americans », aucune solution n'a encore été trouvée. La Commission européenne envisage désormais une position commune européenne contre les États-Unis pour résoudre ce problème. Cependant, il reste incertain si les États-Unis sont disposés à revoir leurs pratiques fiscales mondiales.

Selon Libération, environ 300 000 Européens, nés aux États-Unis mais y ayant vécu brièvement, sont soumis à une obligation fiscale à vie en raison des lois américaines strictes. Cela est perçu comme une forme d’ « impérialisme » que l’Union européenne tente de combattre.

Américains Accidentels

Les « Américains accidentels », ainsi appelés, sont depuis dix ans une source d’irritation dans les relations transatlantiques. Ce sont des personnes nées aux États-Unis, mais seulement pour une courte période, parfois seulement quelques jours, pendant le séjour temporaire de leurs parents. Depuis lors, ils n’ont plus aucun lien avec leur pays d’origine américain.

Pourtant, le gouvernement américain applique le principe du « jus soli » (le droit du sol), notamment en ce qui concerne les impôts. Toute personne née sur le territoire américain et ayant automatiquement acquis la nationalité américaine doit donc payer des impôts aux États-Unis tout au long de sa vie. Il y a environ 1 million de personnes dans le monde concernées par cette situation, dont 300 000 en Europe, dont 40 000 en France.

Cependant, ces personnes paient déjà des impôts dans le pays où elles résident. Selon le principe du « ne bis in idem », le même revenu ne peut pas être taxé deux fois, mais les autorités américaines savent contourner cette règle en profitant des différences entre les lois fiscales des pays.

En France, où les impôts sont élevés, par exemple, les assurances-vie sont moins taxées que de l’autre côté de l’Atlantique. Cependant, le service des impôts américain s’efforce d’utiliser cette différence à son avantage, tout comme en ce qui concerne la CSG (Contribution Sociale Généralisée), qui est déductible du revenu imposable en France, mais qui n’existe pas aux États-Unis. Cela entraîne une double imposition.

FATCA en contradiction avec la directive européenne ?

L’impérialisme fiscal américain a pris une forme concrète avec la loi FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act), adoptée en mars 2010 par le Congrès américain. Cette loi, associée à la menace de saisir 30 % des actifs en dollars des banques occidentales si elles ne fournissaient pas les données financières de leurs clients nés aux États-Unis, a contraint les pays européens à s’y conformer. Par exemple, la France a accepté cela en septembre 2014.

À l’origine, l’objectif de FATCA était de lutter contre l’évasion fiscale, mais en pratique, cela a surtout touché la vie des « Américains Accidentels ».

L’Union européenne a réagi en mai 2016 en adoptant une directive visant à renforcer la protection des données (RGPD) pour ses résidents. Cette directive est clairement en conflit avec FATCA, qui implique le transfert massif de données personnelles et financières sans aucun filtre.

Cependant, cette directive n’a pas d’effet rétroactif. Ce problème reste largement entre les mains des États membres de l’UE, qui ne coordonnent pas efficacement leurs actions et ont donc peu d’impact. Un avocat luxembourgeois spécialisé, Vincent Wellens, affirme même : « Le transfert de données personnelles au service des impôts américain est illégal selon le RGPD et n’a donc pas de base légale. »

En 2018, le Parlement européen a exhorté les États membres à suspendre collectivement toutes les accords similaires à FATCA, mais cela n’a eu que peu d’effet. Finalement, la Commission européenne a été contrainte de prendre le problème au sérieux après des plaintes déposées par les « Américains Accidentels » des 27 États membres.

En France, L’Association des Américains Accidentels (AAA), regroupant environ 1 400 membres, a d’abord tenté de saisir la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), chargée de la protection des données, mais celle-ci a rejeté l’affaire, estimant qu’il revenait aux États membres de réviser l’accord FATCA conformément aux directives européennes.

Ensuite, l’AAA a porté l’affaire devant le Conseil d’État, qui a jugé en 2019 que les données collectées étaient adéquates et proportionnées à l’objectif de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale. Cela n’a pas mis fin à la lutte, et l’AAA s’est tournée vers les autorités européennes.

Autorité belge de protection des données

En Belgique, le 23 mai 2023, l’Autorité de protection des données a rendu un avis différent et a ordonné l’arrêt du flux de données vers les États-Unis tel que prévu dans l’accord FATCA. Bien que cela puisse sembler grave, il est stipulé que si ces flux de données ne sont pas conformes à la réglementation européenne en matière de protection des données, ils doivent être interrompus.

Le message aux pays voisins de l’Union européenne est clair : les États membres de l’UE doivent se conformer à la législation de l’UE. Plus ils hésitent, moins leur lenteur est acceptable. Cependant, le gouvernement belge a fait appel de cette décision car il ne voulait pas entrer en conflit avec les États-Unis.

Au cours des derniers mois, la Commission européenne s’est enfin réveillée et a proposé d’aider les États membres dans leur évaluation des accords internationaux conclus avant l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données.

La question qui se pose est de savoir si les États-Unis, qui prétendent perdre 345 milliards de dollars de recettes fiscales chaque année en raison de la fraude, sont prêts à revoir leurs pratiques fiscales mondiales.

Le Parlement européen surveille de près la question de la fiscalité aux États-Unis, car des chercheurs ont suggéré que cela pourrait poser problème en raison des obligations déraisonnables imposées par FATCA. Nous devrons attendre de voir comment cette situation évolue.

Americans Overseas

Nous, les fondateurs d’Americans Overseas, sommes nés aux Pays-Bas et avons reçu la nationalité américaine par l’intermédiaire de notre mère (américaine). Lorsque nous avons entendu parler de cette loi pour la première fois en 2013, nous n’y avons pas cru (nous n’y voyions aucune logique). Puis nous avons ressenti de la colère (de quel droit s’autorisent-ils cela ?), de la peur (vais-je recevoir une amende ou avoir des ennuis ?) et de la panique (qu’est-ce qu’il faut faire ?).

Et malheureusement, il existe bien une législation américaine concernant la fiscalité au niveau mondial. Le gouvernement du pays dans lequel nous habitons n’a pas été capable de nous aider en quoi que ce soit, le consulat des États-Unis nous a redirigés vers l’IRS et l’IRS lui-même s’est révélé inaccessible.

Nous avons donc lancé cette initiative afin d’aider les Américains du monde en leur fournissant des informations correctes pour éviter toute panique inutile et en leur proposant l’aide d’un réseau de professionnels rémunérés, sans obligation ni engagement de leur part. Si nécessaire, nous avons formé un réseau de professionnels (experts en fiscalité) abordables qui sont prêts à vous aider à remplir vos obligations fiscales.

Si vous avez d’autres questions sur la nationalité américaine et les obligations fiscales, vous pouvez nous contacter chez Americans Overseas.

Contactez-nous pour plus d’informations

 

Source: Libération



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